Compte rendu de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée Nationale, du général de division Aymeric Bonnemaison, commandant de la cyberdéfense, en date du 7 décembre 2022.

Dans le cadre du conflit russo-ukrainien et de la parution de la Revue Nationale Stratégique parue en novembre 2022, le Général de division Aymeric Bonnemaison, nouvellement nommé Commandant de la cyberdéfense, a été entendu au sujet des enseignements à tirer de ce conflit. Ainsi, défis à venir, souveraineté nationale, projet de loi de programmation militaire, combat dans le cyberespace, lutte informatique d’influence… sont autant de sujets abordés lors de cette audition.

Cette dernière s’ancre dans un contexte d’élaboration d’une stratégie cyber globale avec la parution le 09 novembre 2022 de la Revue Nationale Stratégique qui fixe comme quatrième objectif celui d’élaborer “une résilience cyber de premier rang”.

Extraits

  • “En Ukraine, la cyberguerre a bel et bien eu lieu, contrairement à ce qu’a donné à croire l’absence de « cyber Pearl Harbor ».”

  • ”La cyberconflictualité présente deux spécificités, qui faussent parfois l’analyse. La première est un paradoxe des temporalités. La fulgurance des attaques, affranchies de la tyrannie de la distance, ne doit pas masquer leurs délais incompressibles de conception et de planification. Il faut des mois, voire des années pour construire une cyberattaque. […] Ensuite, le cyber a une faible lisibilité. Il est bien sûr assez difficile de se représenter le cyberespace, mais surtout, la guerre qui s’y mène est discrète, voire secrète. Cet aspect est masqué par l’exubérance des réseaux sociaux qui, en contraste, affirment beaucoup de choses plus ou moins étayées.”
  • “Il règne dans le cyberespace une grande confusion entre les divers acteurs. Ma génération, qui a connu les guerres asymétriques, sait que la distinction entre civils et militaires n’a rien d’évident, mais elle encore plus complexe dans le cyberespace.”
  • “Pour ce qui concerne les collectivités territoriales, ce défi ne relève pas seulement du ministère des armées. Nous y travaillons en nous efforçant d’être plus présents dans les lycées et auprès des jeunes, mais il faut sensibiliser la population avec des formations très en amont. En effet, des mesures simples peuvent permettre d’éviter une contamination trop rapide ou de détecter certains éléments.”
  • “À tous les niveaux de l’État, une acculturation est nécessaire, dont nous sommes tous responsables.”
  • “Nous disposons en France d’une technologie qui monte et que nous devons soutenir. Ne soyons pas naïfs, y compris s’agissant de nos alliés, car ces derniers ont aussi des intérêts propres. Il faut aller vers plus de capacités intégrées en France.”