La guerre russo-ukrainienne a mis en exergue le recours au cyber au sein des conflits modernes. Au cours de cette crise devenue guerre hybride, le cyber est utilisé notamment comme force de coercition pour aider à la conquête territoriale. Ainsi, utilisé par une multitudes d’acteurs à des fins offensives, il est aussi employé à des fins défensives.

Lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées publié le 12 janvier 2023, le général de division Aymeric BONNEMAISON, commandant de la cyberdéfense (COMCYBER), a mis en exergue trois enseignements à tirer de l’utilisation de l’arme cyber en Ukraine.

  • « Leçon n°1 : « L’arme cyber a eu un rôle particulièrement important avant le conflit »

  • « Leçon n°2 : « La défense peut prendre l’ascendant sur l’offensive

  • « Leçon n°3 : « Des acteurs éparpillés, complexes et divers

Ce triptyque d’enseignements s’inscrit dans la logique du compte rendu de l’audition du COMCYBER devant la Commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée Nationale du 7 décembre 2022.

Défis à venir, souveraineté nationale, projet de loi de programmation militaire, combat dans le cyberespace, lutte informatique d’influence… sont autant de sujets qui avaient été abordés lors de cette audition.

Cette dernière s’ancre dans un contexte d’élaboration d’une stratégie cyber globale avec la parution le 9 novembre 2022 de la Revue Nationale Stratégique qui fixe comme quatrième objectif celui d’élaborer “une résilience cyber de premier rang”.

Extraits

  • « En Ukraine, la cyberguerre a bel et bien eu lieu, contrairement à ce qu’a donné à croire l’absence de « cyber Pearl Harbor. »

  • « La cyberconflictualité présente deux spécificités, qui faussent parfois l’analyse.

    La première est un paradoxe des temporalités. La fulgurance des attaques, affranchies de la tyrannie de la distance, ne doit pas masquer leurs délais incompressibles de conception et de planification. Il faut des mois, voire des années pour construire une cyberattaque. […] Ensuite, le cyber a une faible lisibilité. Il est bien sûr assez difficile de se représenter le cyberespace, mais surtout, la guerre qui s’y mène est discrète, voire secrète. Cet aspect est masqué par l’exubérance des réseaux sociaux qui, en contraste, affirment beaucoup de choses plus ou moins étayées. »

  • « Il règne dans le cyberespace une grande confusion entre les divers acteurs. Ma génération, qui a connu les guerres asymétriques, sait que la distinction entre civils et militaires n’a rien d’évident, mais elle encore plus complexe dans le cyberespace. »
  • « Pour ce qui concerne les collectivités territoriales, ce défi ne relève pas seulement du ministère des armées. Nous y travaillons en nous efforçant d’être plus présents dans les lycées et auprès des jeunes, mais il faut sensibiliser la population avec des formations très en amont. En effet, des mesures simples peuvent permettre d’éviter une contamination trop rapide ou de détecter certains éléments. »

  • « À tous les niveaux de l’État, une acculturation est nécessaire, dont nous sommes tous responsables. »

© Ministère des Armées

Le général Bonnemaison, chef du Commandement de la cyberdéfense